Cultiver la biodiversité

En décembre 2020, les normes biologiques canadiennes ont été bonifiées par l’ajout d’une obligation pour les fermes certifiées biologiques de protéger et d’améliorer la santé des écosystèmes.

Mais cette responsabilité ne devrait pas se limiter aux fermes biologiques. En plus d’être utile, il est facile et même amusant de participer à la protection de la biodiversité chez soi.

Une biodiversité utile

Une cour résidentielle avec un écosystème en santé apporte de nombreux petits avantages au quotidien, en plus d’être un précieux atout pour la protection de l’environnement.

Si vous avez un jardin, vous bénéficierez de l’aide de prédateurs de diverses espèces pour contrôler vos populations d’insectes nuisibles.

Rien de mieux que de quelques hirondelles et des chauves-souris pour diminuer une population de moustiques.

Et croyez-moi sur parole pour l’avoir essayé, une zone en friche pleine de vies fascinantes et mystérieuses occupera vos enfants beaucoup plus longtemps qu’un gazon vert et bien tondu.

Par où commencer?

Dans bien des cas, la solution la plus simple et la plus efficace, c’est de ne rien faire.

Réconciliez-vous avec les pissenlits. Ils sont une source de nourriture essentielle tôt en saison pour les insectes pollinisateurs.

Vous avez des feuilles mortes sur votre terrain? Ne les raclez pas. Laissez-les nourrir le sol et favoriser la diversité des organismes décomposeurs.

Un arbre est mort? Laissez sa souche, son tronc ou des branches au sol dans un coin de la cour pour créer des sites d’hivernement pour certains insectes, oiseaux ou petits mammifères. Vous créerez par le fait même une source de nourriture pour certains insectivores comme les pics-bois.

Vous avez une zone en friche dans le fond de la cour? C’est fort probablement le milieu le plus vivant de votre domicile. Apprenez à l’aimer et intégrez-la à votre aménagement paysager en y touchant le moins possible.

Les abris et sites de nidification

Vous êtes bricoleurs? Mettez à profit vos talents créatifs par la construction de nichoirs pour les oiseaux ou les chauves-souris. Occupez vos enfants avec un projet d’hôtel à insectes. Agencez une magnifique rocaille incluant plusieurs monticules de roches pour accueillir les reptiles et les crapauds.

Les arbres et arbustes

Vous avez un cours d’eau? Votre cour est exposée à des vents considérables? Le printemps et l’automne sont les bons moments pour planter des arbres dans votre bande riveraine ou pour créer une haie brise-vent. Ces aménagements abriteront une panoplie d’espèces et serviront de corridor pour leur permettre de circuler. Ils contribueront également à diminuer l’érosion de vos berges et de vos sols.

Profitez-en pour y intégrer des arbres et arbustes fruitiers. Ils nourriront votre famille en plus d’une panoplie d’oiseaux. Assurez-vous simplement de ne pas tout cueillir pour leur en laisser une part attrayante. Les insectes pollinisateurs aussi en bénéficieront lors de la floraison.

Des fleurs, toujours plus de fleurs!

Ces dernières années, les insectes pollinisateurs ont fait parler d’eux à plusieurs reprises dans l’actualité en raison du déclin de leur population. Participez à les nourrir en intégrant des fleurs à votre aménagement tout en bannissant l’usage de pesticides. En prime vous embellirez votre espace.

Que vous optiez pour des jardinières, des bandes fleuries ou un pré fleuri, rappelez-vous que c’est par la diversité des espèces de fleurs que vous créerez une source de nourriture plus intéressante. Optez pour une variété de couleurs, de formes, de grosseurs et de périodes de floraison. L’abondance de fleurs rendra votre aménagement encore plus attrayant pour ces insectes bénéfiques.

Notre coup cœur : le pré fleuri

C’est un beau projet qui peut être simple à réaliser si on l’intègre graduellement. Il donne des résultats tangibles en 2 ou 3 étés. Même s’il n’est pas aussi luxuriant que ceux qu’on entrevoit dans les magazines d’aménagements paysagers, nous adorons la touche de couleur et de vie qu’il nous offre. Nos enfants y ont passé des heures innombrables à faire des safaris photo d’insectes et à observer des crapauds.

Voici en quelques étapes comment nous avons procédé :

  • Sélectionner un endroit de la cour où faire le projet et y retirer le gazon. Il est toujours plus facile de démarrer sur une petite surface.
  • Semer à la volée, comme si on nourrissait des poules, un mélange de semences pour pré fleuri, ou encore un mélange de fleurs pour pollinisateurs.
  • Une petite astuce simple pour faciliter la répartition uniforme des fleurs est de mélanger les semences à un petit seau de sable. Ainsi chaque poignée contient une petite quantité de semences plutôt qu’une grande concentration qui se retrouvera au même endroit.
  • S’assurer que les semences reçoivent de l’eau quotidiennement dans la première semaine.
  • Regarder le tout pousser et surtout, ne plus jamais tondre le gazon sur cette partie de la cour (ma partie préférée).
  • Le premier été, il est possible que peu de plantes fleuriront. Certaines variétés nécessitent 2 étés pour s’établir et fleurir. Il faut être patient!
  • Au printemps suivant, les fleurs les mieux adaptées à vos conditions de sol et d’ensoleillement reviendront. Les vivaces se seront bien implantées, alors que les annuelles sèmeront leurs graines.
  • Au besoin, on peut répéter l’opération pour introduire des nouvelles espèces, augmenter la concentration de fleurs ou la grosseur du pré. Nous l’avons fait 2 étés consécutifs, puis par la suite aux 2 ou 3 ans nous ajoutons ici et là quelques semences.

Le vrai défi est collectif

Pour adopter des approches plus favorables à la biodiversité, il faudra toutefois surmonter un grand défi collectif : l’image préconçue que nous avons de la cour idéale.

Pour faire un réel changement, il faudra modifier tous ensemble notre perception du paysage. Parce qu’après tout, un gazon vert bien tondu n’est rien d’autre qu’une monoculture peu invitante pour la majorité des espèces vivantes.

La bonne nouvelle, c’est que plusieurs petites actions simples peuvent être posées par tous et chacun. Et la première de ces actions est de regarder nos terrains d’un nouvel œil.

Texte : Madeleine Olivier, co-propriétaire de la Ferme Nordvie, est tombée dans l’agriculture lorsqu’elle était petite. Nouvellement collaboratrice pour le blogue, elle nous amène à voir notre environnement d’un nouvel oeil. 

Vous n’êtes pas prêt à faire le grand saut ?

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